Personne ne le dira ouvertement chez La République en marche (LREM), mais les propos tenus par Emmanuel Macron,
jeudi 17 mars, sur l’IVG (interruption volontaire de grossesse) ont profondément heurté une partie de ses troupes. Notamment parmi les député·es de la majorité qui avaient voté, en février dernier et contre l’avis du gouvernement,
une proposition de loi allongeant le délai légal de l’avortement de 12 à 14 semaines.
Interrogé pour savoir s’il regrettait ou non l’adoption de ce texte, le président-candidat a affirmé qu’il aurait effectivement préféré qu’on réponde à ce problème autrement. L’avortement
« est un droit, mais c’est toujours un drame pour une femme », a-t-il indiqué, défendant la position conservatrice et culpabilisante qu’il avait déjà soutenue
dans un entretien accordé au magazine
Elle. «
Je mesure le traumatisme que c’est d’avorter », avait-il dit à l’époque.
Malgré les appels de nombreuses militantes féministes, responsables politiques, chercheuses ou gynécologues, demandant que l’on cesse d’assigner les femmes ayant eu recours à une IVG au drame et à la douleur, le président de la République n’a jamais varié sur le sujet :
« Des délais supplémentaires ne sont pas neutres sur le traumatisme d’une femme », avait-il encore affirmé en novembre 2021, à l’occasion d’un déplacement au Vatican.
« Qu’un chef de l’État ait cette position est vraiment inacceptable et c’est une preuve qu’il n’écoute pas les associations féministes et les femmes », avait alors réagi
Sarah Durocher, coprésidente nationale du Planning familial. Pour lutter contre les préjugés véhiculés par Emmanuel Macron, dans la lignée de la droite la plus classique qui adopte la rhétorique des anti-IVG, le mouvement a récemment lancé une campagne sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #OuiJaiAvorté.
Campagne oblige, aucun des soutiens du candidat n’a souhaité commenter le fait que ce dernier estime encore que l’avortement
« marque les femmes à vie », tout en assurant, dans le même propos, avoir
« toujours défendu avec force le droit des femmes à disposer de leur corps ». Pourtant, cet exemple confirme une nouvelle fois la véritable nature du « en même temps » macroniste : un concept vide de sens, destiné à masquer des politiques profondément conservatrices.
En octobre 2020, à l’Assemblée nationale, la députée LREM Aurore Bergé avait rappelé qu’un certain nombre de femmes présentes dans l’hémicycle avaient eu recours à l’avortement.
« Nous n’attendons ni compassion, ni commisération, ni en fait rien, avait-elle souligné.
Nous voulons que toutes les femmes dans notre pays puissent exercer leur droit sans entrave, sans qu’on les retarde, sans qu’on les culpabilise. »